On voit comment Philippe Noiret (1930-2006), Jean Rochefort (1930-2017) et Jean-Pierre Marielle (1932-2019) ont longtemps peaufiné leur jeu sur les scènes diverses et variés, fait leurs gammes en travaillant sans cesse avant que le cinéma n’utilise leur talent et en fasse des vedettes, chacun dans un registre spécifique. Chacun croisant la route d’un cinéaste avec lequel il va former un couple fort : Philippe Noiret avec Bertrand Tavernier; Jean-Pierre Marielle avec Joël Séria et Jean Rochefort avec Yves Robert ou encore Patrice Leconte, malgré une première rencontre catastrophique en 1975 – le réalisateur évoque encore cette blessure – sur le tournage de Les Vécés étaient fermés de l’intérieur, adapté de Gotlib. Pour autant, pas rancunier, Leconte dit : « C’était des acteurs émerveillants ! »



On est aussi étonné, à travers les témoignages des générations suivantes de comédiens – de Thierry Lhermitte à Édouard Baer, toujours précieux dans ses analyses, et Bruno Putzulu -comment ces trois stars étaient de vrais pudiques, toujours ouverts aux autres et qui travaillaient très sérieusement sans se prendre au sérieux. Des artistes qui furent tous un peu complexés par leur physique, trois amis à la ville et à l’écran et réunis dans ce documentaire vivant et riches en témoignages captés au cours de leur carrière et en archives. Et porté, côté commentaires, par la voix chaude et distinguée d’Antoine de Caunes.
Une belle manière de réunir une dernière fois à l’écran des comédiens qui, enfants, comme le dit Rochefort, avaient déjà le goût de « s’évader » d’un quotidien un peu terne.
