LES AUDACES DE IDA LUPINO

OUTRAGE, de Ida Lupino – 1h15

Avec Mala Powers, Robert Clarke, Tod Andrews

Sortie : mercredi 9 septembre 2020 (première sortie : 15 décemnre 1950)

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Dans une petite ville américaine, Ann Walton, une jeune comptable, doit épouser Jim Owens. Elle est alors victime d’un viol et sa vie tourne au cauchemar. Ne supportant plus la sollicitude des uns ou la curiosité des autres, elle décide de changer radicalement de vie…

Ce qui touche dans le film ?

D’abord, on est étonné par la modernité du scénario et par l’audace de Ida Lupino qui n’hésite pas  de manière direct le drame d’un viol, décrit le chemin de croix de la jeune comptable, alors même qu’elle est soutenue par sa famille et son amoureux. Pour autant, le drame vécu ne peut que la pousser à fuir loin de la ville où tout est arrivé, à fuir le regard plein de compassion de ceux qui savent, même s’ils n’ont pas tous cette empathie. Dès lors, Ann Walton devient un personnage errant, traqué qui ne doit son salut qu’à l’accueil réservé par une famille d’exploitant agricoles. Même si la fin est un peu moins forte, un peu trop mélodramatique, Outrage reste un film d’une grande puissance sur le plan du scénario. Mais pas que !

Pour ce troisième film, à redécouvrir dans cette magnifique version restaurée, Ida Lupino prouve ses talents de metteur en scène, tant elle sait utiliser les décors, de nuit notamment, et jouer sur les contrastes offerts par l’utilisation magnifique du noir et blanc et de la lumière. Dans la séquence de l’agression, certains cadrages s’inscrivent dans la droite ligne d’un Fritz Lang ou d’un Alfred Hitchcock. C’est une séquence magistrale de cinéma qu’elle signe ici.

Et si la jeune femme est violée près d’une barrière, Ida Lupino, cinéaste du détail, va, tout le reste du drame, placer des objets rappelant cet objet dans le cadre. Ainsi, le drame vécu par Anne est tellement destructeur qu’il conditionne son regard sur le monde qui l’entoure.

Un grand film, très bien interprété par la jeune Mala Powers, alors âgée de 17 ans, celui où Ida Lupino commença sa carrière d’actrice. Tout un symbole.

 

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