RIRE À TOUS LES ÉTAGES

TÉLÉVISION


PEUT-ON RIRE DE TOUT ?,  de Yves Riou – 1h50

Documentaire

Diffusion sur France 3, vendredi 6 avril 2018 à 20h55

 Mon avis : 3 sur 4

Trente ans après la mort de Pierre Desproges, l’atmosphère plus anxiogène pousserait-elle les humoristes d’aujourd’hui à devenir plus frileux ? Ce documentaire solide tente d’y répondre de belle manière en proposant une suite thématique sur les thèmes qui touchent la société actuelle : racisme, homophobie, antisémitisme, sexualité, religion, attentats… N’en jetez plus !

On mesure à quel point l’humour a pu secouer la société en retrouvant les mots de Pierre Desproges et en se demandant si, prononcés aujourd’hui, ses textes ne provoqueraient pas un scandale… Était-il misogyne quand il écrivait : « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne. » ? Cynique quand il lançait lui quel la maladie allait emporter encore jeune : « Les imbéciles n’ont jamais de cancer. C’est scientifique. » ? Ou encore : « Noël au scanner, Pâques au cimetière. » Raciste quand il nuançait : « J’adhérerai à SOS-racisme quand ils mettront un S à racisme. Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois et même des ocre-crème et des anthracite-argenté. Mais à SOS-Machin, ils ne fustigent que le Berrichon de base ou le Parisien-baguette. C’est sectaire. (…) Mais attention, il ne faut pas me prendre pour un suppôt de Le Pen sous prétexte que je suis contre tous les racismes.  » ?

Par un va-et-vient entre le passé et le présent, entre le Guy Bedos d’hier et Thomas Ngijol, Yassine Bellatar, Blanche Gardin (ci-contre), le documentaire montre que l’audace n’est pas morte pour qui veut s’en donner la peine et prend certains risques. De fait, quand Desproges faisait de l’humour noir sur les Juifs, il savait qu’il risquait de scandaliser mais le faisait quand même. Mais avec l’art et la manière !

In fine, la question n’est pas de savoir si les humoristes peuvent rire de tout, mais qu’il est nécessaire de continuer à le faire, sans baisser la garde ni utiliser les autoroutes du rire. Et c’est là sans doute le plus difficile surtout en essayent d’échapper aux autoroutes du rire gras et à ces émissions de télévision qui exploitent l’humour sur tous les tons pour combler des grilles qui sommeillent trop souvent…

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