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 DIOR ET MOI, de Frédéric Tcheng – 1h30

Documentaire avec Raf Simons, Marion Cotillard, Sharon Stone

Sortie : mercredi 8 juillet 2015

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Nommé directeur artistique de la maison Dior en avril 2012, suite au départ précipité de John Galliano après le scandale de ses propos antisémites, le styliste belge Raf Simons ne dispose que de huit semaines pour lancer sa première collection haute couture. Le défi se révèle une aventure collective,  autour de la passion d’un métier et au service de la vision d’un créateur atypique, qui fuit les projecteurs.

Et alors ?

Frédéric Tcheng a réussi un scoop : convaincre Raf Simons de se dévoiler devant la caméra alors qu’il s’attaquait à un vrai marathon : monter un défilé de haute couture en un temps record et alors que la maison Dior était encore sous le coup du scandale provoqué par les propos antisémites de John Galliano, son médiatique directeur artistique. Confidences du cinéaste : « Quand l’annonce de sa nomination est parue dans les journaux, j’ai immédiatement appelé la Maison Dior pour savoir quand je pouvais venir. On m’a répondu qu’il y avait un petit détail à régler : Raf était catégoriquement contre l’idée d’un film. J’ai proposé de lui écrire une lettre en forme de note d’intention. Cela a marché puisque deux jours plus tard, on m’annonçait que Raf ne pouvait pas dire oui, mais il ne pouvait pas dire non, et qu’il souhaitait qu’on fasse une « période d’essai » d’une semaine. Il ne voulait pas s’engager mais il souhaitait me rencontrer. C’est comme ça que je me suis retrouvé dans les salons lors de son arrivée, sans lui avoir jamais directement parlé. »

Très vite, avec sa caméra embarquée, Frédéric Tcheng nous fait partager le quotidien de Raf Simons, son travail d’une grande rigueur. Cela aurait pu être qu’un document hagiographique si le cinéaste n’avait choisi de nous faire partager le quotidien de toute une équipe qui travaille dans une urgence absolue et dont certains sont dans la maison Dior depuis trois décennies. Comme le note Hong Bo Li, styliste à l’atelier flou : « Dans la maison Dior, le directeur artistique peut changer mais il y a une chose qui ne change pas, c’est l’atelier. »L’atmosphère de cette préparation express de la collection permet de mesurer la virtuosité et l’engagement d’une équipe unie dans le même but. Et qui doit aussi assurer le service de vente de haute couture pour des clients richissimes. Ce qu’explique sans détour Catherine Rivière, directrice de la Haute Couture : « La haute couture aussi a besoin de gagner de l’argent. Parce que si l’on ne gagne pas d’argent, on ne peut pas faire les collections que l’on fait et garder les ateliers que l’on a. »

Frédéric Tcheng réussit aussi à s’arrêter à temps pour ne pas céder à la classique captation d’un défilé de mode avec son cortège de « people » qui viennent voir et se montrer. Alors, certes, on voit surgir les silhouettes de Sharon Stone ou Marion Cotillard, mais on découvre surtout comment, sur une idée soudaine de Raf Simons – décorer la superbe demeure du défilé de murs de fleurs – on construit un tel évènement.

Avec la voix off, symbolisant la présence permanente de Christian Dior, et s’inspirant de son autobiographie,  ce doc permet de suivre un processus créatif hors normes…