LA SOMBRE CAVALE D’UNE JEUNESSE EUROPÉENNE

554667VICTORIA, de Sebastian Schipper – 2h14

Avec Lala Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski

Sortie : mercredi 1er juillet 2015

Je vote : 4 sur 5

Le pitch ?

5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, une espagnole fraîchement débarquée dans la vielle, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l’alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper… et qu’un casse se prépare.

Et alors ?

Gonflé de tourner un film dans un long plan séquence de plus de deux heures où la caméra suit l’odyssée de quatre potes, contraints de réaliser un casse, et qui embarquent dans leur odyssée cette jeune expatriée qui s’ennuie un brin entre ses études et son métier de serveuse de café. Le tout dans le décor de Berlin dont le réalisateur dit : « Pour moi, c’est la meilleure ville du monde pour ce film car elle incarne le « ici et maintenant » de cette fureur de vivre. » Le parti pris de la réalisation confère au film une nervosité et un rythme indéniable avec une photographie absolument splendide qui donne au décor impersonnel de ce quartier de Berlin une vraie unité d’atmosphère dans les lueurs blafardes d’une nuit qui n’en finit plus.

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Même si le film, notamment dans les séquences de boîte de nuit, est parfois un peu long, l’histoire est aussi une façon originale de montrer l’envers du modèle économique d’une Allemagne présentée comme un modèle économique. On y voit surtout le portrait d’une jeunesse européenne en plein doute et qui ne trouve pas sa place dans ce pays. Propos du réalisateur : « La rencontre d’une jeunesse allemande, élève bien pensante dans une Europe des inégalités, et d’une jeunesse espagnole moins riche et en proie à de grandes difficultés, m’intéressait. Les deux se retrouvant sur une absence d’avenir programmée. Dans cette inquiétude de la jeunesse, j’aimais cette solidarité du « qui es-tu, d’où vient-tu ? » ? Cette vérité va plus loin que les bonnes intentions. »

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Derrière le polar, se glisse donc un « message » qui n’est jamais martelé mais donne à réfléchir sur notre société de consommation à la mode où les débats politiques de fond semblent parfois de l’histoire ancienne. Et les jeunes comédiens – Laia Costa en tête – sont parfaitement à l’unisson de cette chronique sombre de la vie moderne.

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