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L’EVASION DES BAUMETTES, film de Jérôme Pierra, Ella Certontaine et Hugo Gélin – 52 mn

Diffusion sur Planète + : lundi 20 octobre à 20h45

 3 sur 4

En faisant parler les vrais protagonistes des affaires de braquages et d’évasion, Le Casse, une collection présentée par Jérôme Pierrat, offre une approche différente sur des faits-divers qui ont marqué l’actualité. Le tout avec un principe qui peut s’avérer périlleux : l’injection d’une séquence fiction au cours d’un doc basé, avant tout, sur des témoignages. Avec cette Evasion des Baumettes, on découvre un homme pas vraiment commun, tant il sait aujourd’hui – il est en liberté conditionnelle et est en train de ré-ouvrir une brasserie à Marseille – sait prendre du recul et parler de lui, non sans humour. Cet homme, c’est Patrick  Guillemin, un étrange personnage au crâne rasé. Un sacré pèlerin.

Pour ce natif du Nord, abandonné par sa mère à l’âge de 2 ans avant d’être recueilli par une femme aimante mais très autoritaire, tout commence par une rébellion face à cette tutelle, et qui décide de se « faire un petit CV dans le braquage » en partant pour Marseille, fasciné par le code d’honneur, l’esprit de clan qu’il croit être l’apanage du Milieu local.  Ou le monde des truands imaginé comme une grande famille. Il a  alors 25 ans et fera quelques 300 braquages de banques, des « entrées sorties » comme il dit où il saute sur les comptoirs, rafle la mise et prend la fuite en gardant toujours son arme braqué vers le sol.

Condamné plusieurs fois à des peines de prison, il y croise un jour Jean-Louis qui lui demande de l’aider à faire la belle. Ce sera la spectaculaire évasion du 26 juin 1999, où, fidèle à sa parole, et malgré une organisation plus que déficiente, Patrick Guillemin, 44 ans à l’époque,  détourne un hélicoptère pour signer l’évasion spectaculaire de Jean-Louis et de deux codétenus. Mais, n’ayant pu attendre que Jean-Louis soit en promenade dans une cour moins exposée de la célèbre prison, l’évasion tourne mal, Jean-Louis est tué d’une balle dans la tête et Patrick blessé au bras même s’il parvient à prendre la fuite et à retrouver sa femme et ses deux enfants, embarqués, comme couverture, pour la location d’un prétendu baptême de l’air en hélico au Castellet. Une vie qu’il a raconté dans 20 ans de taule (Ed. Hachette Littérature).

Aujourd’hui, âgé de 58 ans, rangé des voitures, Patrick Guillemin a passé 22 ans en prison dont 9 à l’isolement. « Vingt-deux ans de perdus« , note t-il dans l’interview. « Je n’ai pas de rancœur, écrivait-il,  car je savais parfaitement ce que je faisais et ce que je risquais.  » Soutenu en prison par le commissaire qui l’a fait « tomber », Pierre Folacci,  et entretenant avec lui des relations amicales, comme le montre ce récit, Patrick Guillemin n’hésite pas à raconter, de manière étonnante, comment il trouva  plus la relation d’honneur avec ce flic qu’avec les truands dont les histoires avaient baigné sa jeunesse. Plus étonnant, il témoigne comment une telle évasion peut ressembler parfois à une aventure de baltringue, tant l’impréparation et l’improvisation y sont de mise…

Outre les témoignages forts – le récit du retour en voiture du truand décrit par Pierre Folacci par exemple – le choix de la séquence de fiction donne un rythme indéniable au récit même si l’on s’aperçoit vite que la prison qui sert de décor à l’irruption de l’hélicoptère n’est pas du tout celle des Baumettes.

Une manière aussi pour l’ancien braqueur de régler son compte à la légendes bandits d’honneur… et de montrer comment il tente de reprendre pied dans une vie « normale ». En tout cas, l’homme a un vrai talent de conteur et attire la lumière. Une graine d’acteur ?

Info +

Outre ce doc rediffusé le 29 octobre à 21h35, à signaler le reste de la collection : Le Casse du Crédit lyonnais, lundi 20 octobre, 21h35 (mercredi 5 novembre à 20H45) et, à 22h30, Le Casse du siècle (Rediffusion, mercredi 29 octobre, 20h45)