UN FILM POUR LES FANS DE HOUELLEBECQ

NEAR DEATH EXPERIENCE, de Benoit Delépine et Gustave Kervern -1h27

avec Michel Houellebecq, Bertram Marius, Manon Chancé

Sortie : mercredi 10 septembre 2014

Je vote : 1 sur 5

Quezako ?

Employé sur une plate forme téléphonique, Paul est en plein burn-out. Un vendredi 13, la chronique du journal télévisé sur ce jour particulier lui apparaît comme un signal pour passer à l’acte. Il s’enfuit dans la montagne pour concrétiser son rêve et va y vivre des heures particulières…

Et alors ?

Après nous avoir fait rire -même si c’était parfois grinçant- avec les chroniques sociales et décalées de Mammuth et Le Grand Soir, le duo Delépine-Kervern change de braquet avec cette description de la dérive d’un mec revenu de tout et qui décide d’en finir après avoir planté son vélo sur une route 502027de la Sainte-Victoire. Ils le font avec une histoire conçue sur mesure pour Michel Houellebecq, poète et romancier que l’on connaît et qui promène sa longue silhouette dégingandée dans cette lente errance à pied d’un homme qui rêve de prendre congé de la vie. Un film coup de poing, tourné en dix jours et avec une équipe réduite du côté de Marseille et d’Aix-en-Provence, notamment dans la célèbre montagne, célébrée par Cézanne en peinture.

Indéniablement, le duo sait imaginer des dialogues décalé et, cette fois, ils expriment dans quelques passages tout le mal de vivre d’une époque et des seniors. Ainsi quand Paul dit : « J’ai 56 ans et je suis obsolète. 56 ans. L’âge de mon grand-père quand j’avais 7 ans. Avant on était un vieux, un pépé. On attendait tranquillement la retraite. On vous demandait pas d’être toujours séduisant. D’être habillé en jeune. D’être un homme viril, de baiser encore. De faire du sport. De manger équilibré. D’aimer sa femme comme au premier jour, d’être le meilleur copain de ses enfants... » Pour autant, cette fois, malgré quelques séquences de poésie surréaliste (le jeu avec le vagabond), la sauce ne prend pas. Il faut être fan de Houellebecq pour suivre cette interminable marche sur les pentes de la Sainte-Victoire et ce d’autant plus que, pour camper un déprimé, il faut un sacré tempérament de comédien. Ce n’est pas lui faire offense de dire que le poète et romancier n’a pas le métier pour porter un tel rôle.Near-death-experience-2-750x467Alors, on a du mal à être ému par la détresse du personnage – alors même qu’il y avait un vrai fil directeur social à suivre – dans ce lent cheminement par le néant, nourri de quelques sentences poético-métaphysiques. Et ce n’est pas l’interminable moment où Paul construit un cairn de pierres qui donne du sens à cette marche qui n’en finit pas. Delépine et Kevern sont nettement plus inspirés quand ils imaginent des récits à la fibre plus sociale, et très critique à l’égard de la société.

Alors quand ce « héros » marmonne : « Paul. Décidément tu parles trop et tu ne te suicides pas assez », on se dit que le duo de réalisateurs a fait un film terriblement bavard et à la mise en scène qui ne décolle jamais. Ses fans pourront toujours se consoler en relisant Houellebecq dans le texte.

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