OBVIOUS CHILD, de Gillian Robespierre – 1h23
Avec Jenny Slate, Jake Lacy
Sortie : mercredi 3 septembre 2014
Je vote : 3 sur 5
A Brooklyn, Donna Stern, employée d’une librairie le jour, s’inspire tous les soirs de tous les détails de sa vie privée pour nourrir son stand-up dans un petit bar branché. Larguée par son petit ami, déprimée et cultivant un penchant pour l’alcool, elle se découvre enceinte. Dès lors, Donna doit prendre sa vie en main. Elle va peut-être aussi rencontrer l’amour alors qu’elle ne s’y attend pas…
Et alors ?
A l’origine, Obvious Child était un court-métrage – déjà interprété par Jenny Slate- réalisé par trois amies Plébiscité par quelques 40 000 internautes, ce succès apoussé Gillian Robespierre à en faire un long métrage. Elle raconte : « En 2009, mes meilleures amies Anna Bean, Karen Maine et moi avons écrit le scénario d’un court-métrage intitulé Obvious Child. La trame était la même : une fille se fait larguer, elle a une aventure
d’un soir, suivie d’un premier rendez-vous dans le cadre improbable d’un centre de planning familial. Le film a été tourné au cours de l’hiver 2009. Nous avons d’abord eu du mal à trouver l’actrice idéale pour le rôle de Donna. Il fallait qu’elle soit drôle et pleine d’esprit, mais aussi crédible dans les scènes dramatiques. Par le plus grand des hasards, nous sommes allées voir le spectacle comique gratuit Big Terrific. À l’époque, il se tenait dans l’arrière boutique d’un magasin de vins et spiritueux, mais ce lieu est aujourd’hui devenu un restaurant très huppé. Jenny Slate se produisait ce soir-là. Elle était tellement hilarante sur scène que nous avons décidé de la rencontrer. Jenny et moi avons des goûts similaires, et pas seulement en matière de blagues scatologiques ! Elle raconte des histoires sous la forme de confessions intimes, et elle parvient à faire le grand écart entre des passages à hurler de rire et des moments pleins de douceur et d’innocence. » Jeune fille classique à la ville, avec son envie de s’amuser, de picoler un peu (trop), de vivre le grand amour, cette Donna Stern s’avère sur scène une redoutable diseuse dans son numéro de stand-up. Un moment où elle est capable de se mettre à nue, de raconter les pires histoires l’air de rien.
De fait, Jenny Slate étonne par son étonnant bagout, dans cette salle typique d’un certain état d’esprit de New-York, même si la tendance régressive de certaines de ses blagues alourdissent parfois le récit et n’apporte pas un vrai plus à cette histoire d’une jeune femme paumée qui voit débuter, presque malgré elle, une histoire d’amour qu’elle n’attendait pas. Mais, Jenny a un sacré métier et un étonnant sens de la répartie. Ce n’est pas une débutante et elle a promené sa silhouette comme humoriste dans le Saturday Night Live et joué dans les séries House of Lies sur Showtime et Hello Ladies sur HBO.
Ce qui donne un vrai ton au film, c’est aussi la description de tout ce petit milieu artistique de New-York où gravitent bien des silhouettes : Max, l’amoureux comprenant mal les réactions de cette nana en apparence extravertie (Jake Lacy) ; Joey, le copain de stand-up; le libraire gauchiste… Portrait d’une jeune femme confrontée aux galères de sa génération, à une grossesse non désirée et à l’avortement, cette histoire gagne ainsi en densité avec cet arrière plan.
Ce film surprend donc par son rythme et sa liberté de ton – avec une célèbre chanson de Paul Simon en bande originale – même s’il n’évite pas parfois un humour un brin lourdingue. Et le scénario illustre joliment une des répliques du film : « La créativité surgit parfois au pire moment de la vie. »

