Mathilde Seigner au parloir

MEDECIN-CHEF À LA SANTÉ, téléfilm d’Yves Rénier

Avec Mathilde Seigner, Manuel Labarthe, Oussef Hadji

Diffusion : mercredi 17 octobre 2012, 20h45, France 2

Je vote : 3 sur 4

Avec Mathilde Seigner dans le rôle du médecin,  un téléfilm adapte à l’écran le livre-choc de Véronique Vasseur, Médecin-chef à la prison de la Santé. En 2000, la médecin dénonçait les conditions de détention scandaleuses dans cet établissement pénitentiaire où elle bossa pendant huit ans. Un pari difficile mais gagné.

Un temps, l’adaptation du livre polémique de Véronique Vasseur fut prévue au cinéma. Un temps, Emmanuelle Béart avait été pressenti pour le rôle. Mais, l’onde de choc de la publication était trop proche pour qu’il n’y ait pas de pression pour différer une telle transposition.  Plus tard, Mathilde Seigner a présenté Yves Rénier à Véronique Vasseur (qui est aussi sa tante) et le projet est revenu sur la table mais pour la télévision cette fois. Si TF1 a jeté l’éponge, France 2 a osé se jeter dans l’aventure en permettant à Véronique Vasseur d’être de l’aventure comme co-scénariste au côté de Jean-Luc Estèbe. Pour autant, il a fallu se jouer des règles, trouver par exemple une prison désaffectée de Rennes et faire porter aux gardiens une tenue vieille de dix ans. Comme s’il s’agissait d’un film d’époque, c’est dire la résonance polémique forte que conserve le sujet !

S’il y a certains arrangements avec la réalité pour les besoins dramatiques -avec la présence du mari de Véronique devenant pour l’occasion un fonctionnaire ambitieux de la chancellerie (un très bon Samuel Labarthe au demeurant)- si certaines séquences sont efficaces mais pas vraiment crédibles -telle celle où les détenus applaudissent le docteur Vasseur sur son passage- ce téléfilm  rend bien compte du combat de cette femme libre, digne et révoltée. Et qui continue aujourd’hui sa lutte pour une  prison plus digne du pays des droits de l’Homme afin que les politiques trouvent des solutions à la surpopulation galopante dans les prisons et qui n’a pas réduit la récidive. Evoquant les mesures prévues par la gauche depuis son arrivée au pouvoir, Véronique Vasseur souligne : « Christiane Taubira a compris qu’il y a eu, en cinq ans, 63 % de récidive et que ce système coûte un argent fou.  » Un thème qui ne provoque jamais un débat apaisé dans l’Hexagone :  on le mesurera sûrement dans celui que mènera Benoît Duquesne après la diffusion du téléfilm sur France 2.

La réussite de cet opus tient, outre la réalisation efficace d’Yves Rénier qui ne masque rien de la violence quotidienne sans tomber dans les plans gratuits, à la prestation de Mathilde Seigner. Dans une fibre plus dramatique -dans la veine de films de cinéma comme le récent Madame– elle se met à nue, se laisse filmer sous des angles qui ne lui sont pas toujours favorables et donne une vraie dimension humaine à ce toubib courage. Revenant sur ce tournage, elle lance dans un sourire : « J’étais incroyablement concentrée et je savais mon texte par cœur, ce qui n’est pas toujours le cas… J’avais envie que Véronique soit fière ! » Elle a toute raison de l’être, vu ce téléfilm qui pose de vraies questions sur l’état des prisons en France. Utile et fort dans la case d’un prime time…

 

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