DANS LA MAISON, de François Ozon – 1h45
avec Fabrice Lucchini, Kristin Scott Thomas, Ernst Umhauer, Emmanuelle Seigner, Denis Ménochet
Sortie : mercredi 10 octobre 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Las de lire des dissertations passables, un prof de français, Germain, se prend d’amitié pour un de ses élèves, Claude, qui décrit, copie après copie, la vie de famille d’un copain. Cette irruption littéraire dans la maison d’un autre provoque une cascade d’incidents.
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La cruauté du point de départ avec le portrait de Claude, adolescent à gueule d’anges qui, d’un coup de style, parvient à déstabiliser son monde, a mettre du sel dans les blessures. Un mot avec lui, c’est une vraie arme. On a le sentiment que François Ozon s’est mis un peu dans la peau de cet adolescent qui diffuse un vrai malaise là où il passe. Et sait mettre son monde dans sa poche. Claude, c’est aussi la découverte d’un étonnant visage : celui d’Ernst Umhauer, 21 ans sur le tournage et repéré par François Ozon dans un casting. Récit : « Je trouvais qu’il ressemblait au personnage : il vient de province, il est un peu extérieur au monde parisien des acteurs, il est beau mais sa beauté mystérieuse peut aussi faire peur, inquiéter. » Il parvient à faire jeu égal face à Fabrice Luchini, ce qui n’est point une mince affaire. Luchini note beau joueur : « C’était très périlleux de la part d’Ozon de donner un rôle de cette importance à un jeune homme qui n’a presque jamais tourné. Il m’a donné une indication fondamentale : oublie la littérature et pense que tu formes un jeune acteur dans un cours de théâtre. » Une chose est sûre : Ozon a fait bonne pioche et on attend de revoir Ernst Umhauer dans d’autres rôles. Comme Ozon a du métier, il sait glisser la petite phrase qui fait mouche, comme il n’oublie pas, dans un clin d’œil célinien, à frapper Luchini avec son livre de chevet : Le Voyage au bout de la nuit. Porté par la musique enlevée de Philippe Rombi, Dans la maison a de quoi séduire avec, en prime, une Kristin Scott Thomas parfaite de bout en bout.
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Et pourtant, on reste au final sur sa faim, devant tant de pistes du scénario qui ne sont pas exploités et qui auraient donné plus de profondeur à l’histoire et rendu le film bien plus inquiétant. Notamment si François Ozon avait pleinement joué sur la notion de fiction, de véracité et de l’ambiguïté des récits des rédactions d’un jeune homme. Alors, quand on rentre dans la maison, on a souvent le sentiment de tout savoir, de ne plus rien avoir à deviner et l’on n’est pas vraiment surpris par la mise en abyme provoquée par le cinéaste. D’autant plus que l’on a du mal à croire au couple de petit bourgeois formé par Emmanuelle Seigner et Denis Méonochet. Dommage, car l’histoire avait en germe bien des sources d’étonnement et de malaise. Et que le dialogue avec des formules qui claquent comme « l’odeur si singulière de ces femmes de la classe moyenne » fait souvent mouche.
