Le cinéaste souligne : « Depuis ma plus tendre enfance, ce thème était omniprésent – « notre guerre » pour « notre justice », pour que « la paix règne dans le monde entier ». Dans le film, je n’ai pu qu’en montrer une petite part, pour exprimer l’absurdité de ce flux quotidien de propagande. » On le mesure par des plans de la vie quotidienne où, à l’heure du goûter, le poste de télévision diffuse en permanence les images du défilé de la victoire et de la cohorte des véhicules blindés et du ballet des avions dans le ciel.
En captant, avec son œil de photographe exercé au travail sur le terrain, les réactions des russes, en décrivant de l’intérieur le quotidien des couples – le témoignage du mari sur la perte de sa jambe en dit long sur l’alcoolisme en Russie – Alexander Kusnetsov signe une tranche de vie saisissante d’une population pas vraiment habituée à la démocratie. À cet égard, la séquence surréaliste de dépouillement du vote, où un assesseur officie avec une hache, en dit plus qu’un long discours.
