Iran : le parfum de la vengeance

Extrêmement bien joué, en mêlant comédiens professionnels et non professionnels (Maryam Afshari est arbitre de karaté), ce drame politique présente une vraie originalité : pour une fois au cinéma, le principal sens évoqué est l’odorat car les prisonniers avaient les yeux bandés en la présence de leur bourreau : ainsi quand la photographe croit reconnaître son odeur de sueur ! Tout comme le toucher car certains tentent ainsi de reconnaître la peau de la prothèse de la jambe d’un des tortionnaires. C’est ce qui créé une atmosphère si singulière dans ce thriller politique non dénué d’un certain suspense et où Panahi a l’art de rebondir dans un contexte d’un grand réalisme.

En prime, il y a des vraies trouvailles comme cette séquence de la photo de mariage où, petit à petit, la mariée dévoile qu’elle fut aussi victime de cet officier iranien . Ayant utilisé aussi les services de Mehdi Mahmoudian, un homme qui a passé beaucoup de temps derrière les barreaux, Jafar Panahi signe aussi des dialogues d’une grande vraisemblance. Une fois encore, Jafar Panahi a nourri son histoire de son parcours et de ses séjours en prison. Il raconte : « Déjà, lors de ma première arrestation, en 2010, mon interrogateur me disait : « Mais pourquoi faites-vous ces films-là ? », je lui répondais que je fais des films en fonction de ce que je vis, et je lui disais que donc, ce que j’étais en train de vivre se retrouverait forcément d’une manière ou d’une autre dans un film. »

Couronné par une Palme d’or à Cannes, où il était cette fois présent, Jafar Panahi clôt ainsi un parcours gagnant car, malgré la répression qui l’a poursuivi, il a gagné les plus grandes récompenses dans les principaux festivals au monde. Et son nouveau film est une grande œuvre engagée, un cri de rébellion face à la dictature religieuse iranienne. Un cinéma de combat, bien mis en scène, et d’une grande finesse.

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