Dans ce pamphlet politique, Yves Montand, ancien compagnon de route du Parti communiste, trouve un de ses rôles les plus forts. Amaigri de 17 kilos pour bien montrer à l’écran les effets produits par les mauvais traitements reçus en captivité, il signe une composition absolument remarquable qui fait ressentir au spectateur l’horreur d’un tel univers totalitaire où tout le monde peut basculer, un jour ou l’autre, dans l’horreur. Il déclarait à l’époque : « Il y avait dans ce que je m’imposais [pour ce rôle] quelque chose d’un acte d’expiation ».
Après avoir été accusé par la droite de caricature avec Z, témoignage sur la dictature des colonels en Grèce, Costa-Gavras se vit alors accusé par certains à gauche de jouer une certaine carte réactionnaire en montrant avec un grand réalisme les méfaits du stalinisme. Ils oubliaient d’évoquer l’honnêteté intellectuelle d’un cinéaste qui n’a jamais barguigné avec ses engagements.
Aussi complexe qu’humain, L’Aveu conserve, avec le recul, toute sa puissance de dénonciation en montrant comment un homme peut devenir un simple pion dans l’Histoire. Pour l’anecdote, à la fin du film, il y un plan où un groupe de cinq personnes écrivant sur un mur :en tchèque, « Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous », un slogan qui était répandu à Prague lors de la répression du fameux printemps en août 1968.
