Quelle épopée algérienne !

Après un démarrage un peu lent et qui « date » un peu, l’histoire trouve rapidement un vrai souffle et la réalisation soignée en Panavision offre, dans cette version restaurée, une deuxième jeunesse à ce récit ambitieux et politiquement fort. On mesure au fil des chapitres comment les algériens glissent graduellement vers le soutien à la lutte armée avec le moment fort des élections de 1947, marquée par le choix entre le légalisme et le soulèvement. Avec des moments autobiographiques comme Mohamed Lakhdar-Hamina le racontait ) à la sortie de son film : « Le petit Algérien en chéchia rouge qui récite dans un français mâtiné d’accent arabe le couplet héroïque à la gloire de la France éternelle, devant le monument aux morts, le 11 novembre, en face des autorités militaires franco-algériennes, c’était moi. J’avais 11 ans en 1945. »

Sur le plan de la réalisation, Mohamed Lakhdar-Hamina a trouvé une manière narrative romanesque de faire revivre ces moments, à travers des personnages forts. Il campe notamment lui-même Milou, le conteur qui vaticine dans le cimetière faisant passer une message éminemment politique avant de passer le relai à l’enfant dans une séquence très émouvante. Ces Chroniques sont aussi celles de la répression et, notamment dans la séquence de la manifestation réprimée à coups de sabre, on mesure ce que fut le quotidien d’une population qui devait se courber et obéir sous peine d’être traitée comme des criminels de droit commun.

In fine, ce film qui couvre plusieurs époques apparaît aussi – et ce n’est pas le moindre – comme une réflexion sur la condition humaine.

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