Une jeunesse blessée

Au fil des séquences, Karim Moussaoui exprime bien la situation des familles dans cette Algérie où le statut des parents est mis sur un piédestal et où, pour un jeune homme, il est bien difficile de vivre son indépendance. La scène de la soirée de fête techno dans la maison familiale et le départ de son frère aîné pour la France, quand le père débarque à l’improviste dans son logis, symbolise bien ce poids du patriarcat. Et, dès l’instant où le père disparaît, Réda se retrouve dans un placard, marginalisé dans son travail, devenu presque indésirable comme le prouve la suite du scénario.

Petit à petit, malgré la rencontre avec Malika, qui montre bien comment le jeune homme n’a pas encore acquis une vraie maturité, Réda semble sombrer dans une espèce de folie quotidienne, presque « banale ». Le cinéaste commente : « Malika est une femme forte qui a plus vécu que lui, qui a quitté son mari… Quand Reda la rencontre, c’est la seule fois qu’il s’abandonne à son intuition, qu’il ne cède pas à une injonction. Peut-être aurait-il pu aimer n’importe qui, à ce moment-là, mais il tombe sur elle, plus âgée que lui, qui comprend tout de suite le type d’homme qu’il est, l’énorme blessure qu’il porte en lui.« 

Avec ce « héros » moderne et sombre, L’Effacement est en filigrane, une critique acerbe de l’autoritarisme de vieilles sociétés patriarcales dans le Maghreb notamment, et d’une certaine forme de masculinité dominante.

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