La mise en scène qui opte pour des atmosphères de huit-clos aussi bien dans l’appartement que dans les escaliers et la banlieue de Rome, aussi aseptisée que n’importe quelle autre banlieue, ressemble en permanence à une prison à ciel ouvert. Symboliquement, l’image fait ressentir l’enfermement psychologique de Licia qui, malgré son tempérament, ne parvient pas à échapper à ce quotidien et ce, d’autant plus qu’elle sacrifie sa vie à l’éducation de ses deux fils.
La force de cette tragédie familiale repose sur une interprétation impeccable. Francesco Gheghi parvient à exprimer les blessures profondes de Gigi, qui est écartelé entre l’amour pour sa mère, sa loyauté envers d’elle et les bouffées de haine héritées de son père. Un personnage qui lui a valu de gagner le Prix Orizzonti du Meilleur Acteur à la dernière Mostra de Venise. Le cinéaste souligne : « La violence dont Gigi a été témoin – celle qu’il a vécue enfant – se transforme en colère. Gigi deviendra à son tour un homme violent, se rapprochant des mouvements néofascistes qu’il considère comme sa seconde famille lui apportant sécurité et réconfort. »
Quant à Barbara Ronchi, elle campe, sans jamais forcer le trait cette femme qui peut, tour à tour, exprimer une grande force et, l’instant d’après, montrer ses failles, sa fragilité.
Un drame très fort qui est aussi un cri d’alarme face à la solitude des victimes face aux institutions et à l’État qui manque à ses devoirs pour protéger vraiment les victimes. La musique originale, signée Valerio Vigliar, apporte un contrepoint subtil à ce récit violent en jouant sur des ambiances sonores plus minimalistes, parfois angoissantes.
