CINÉMA : MERCREDI 23 AVRIL 2025
LA CHAMBRE DE MARIANA, de Emmanuel Finkiel – 2h11
Drame avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk, Julia Goldberg
Score : 4/5
Le scénario
1943, Ukraine, Hugo a 12 ans. Pour le sauver de la déportation, sa mère le confie à son amie d’enfance Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close à la sortie de la ville. Caché dans le placard de la chambre de Mariana, toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scènes qu’il devine à travers la cloison…
Mon avis – Adaptant librement le roman éponyme d’ Aharon Appelfeld, publié en 2006, Emmanuel FInkiel est revenu à l’époque de l’Occupation alors qu’il ne voulait plus, après La Douleur, tourner de « film sur la Shoah ». Mais, les résonances entre le roman et son histoire personnelle a poussé Emmanuel Finkiel à replonger dans le passé. Ainsi, Mariana, la prostituée non juive, le renvoie à sa nourrice. Et la cousine de Hugo, Anna, lui rappelle le petit frère de son père, qui fut arrêté durant la rafle du Vel d’hiv’ et qui est mort à Auschwitz.
Une des forces de ce récit en huit-clos, c’est de montrer comment le garçon va « grandir » dans le placard de cette amie de sa mère et découvrir la cruauté du monde à travers les fentes d’une paroi ou les carreaux d’une fenêtre qu’il ne peut approcher. Filmant en 1/37 et en multipliant les amorces et les champs barrés, le cinéaste parvient à nous faire partager le sentiment de l’enfermement de Hugo.Et, quand il s’échappe un temps de la maison close, c’est pour découvrir la réalité des charniers où les juifs exécutés sont jetés dans une fosse remplie de boue. Ainsi, on mesure comment le jeune garçon est confronté à l’indicible de l’horreur.
Le récit est aussi l’occasion de montrer la fraternité qui peut exister dans cette vaste maison close où, cacher un enfant juif, peut conduire à une exécution sans autre forme de procès.

