Pour autant, Bergers montre bien quelle philosophie de vie guide de tels jeunes qui embrassent un métier si rude. Commentaires de Sophie Desrape : « À notre époque, être berger, c’est un choix de vie fort, une manière de se mettre en marge de la société capitaliste. On est au carrefour d’une culture ancestrale et du monde contemporain, c’est pourquoi je tenais tant à l’image du troupeau qui traverse l’autoroute. Aller à pied de Marseille jusque dans les Alpes en passant par les routes avec trois mille moutons est une épopée en soi. »
Si la voix off est un peu trop présente, elle permet de témoigner des doutes et des interrogations permanentes de Mathyas qui doit affronter les situations les plus difficiles même s’il rencontre l’amour dans cette nouvelle vie, ce qui confère l’ opus un message positif, un message de bonheur.
Très naturaliste dans la mise en scène, comme dans la séquence du marché des bergers à Arles, le film raconte bien le quotidien de ces berges réunis dans la transhumance et qui, dans la montagne, doivent composer avec les loups, les pesanteurs administratives… Et de la personnalité de Félix-Antoine Duval se dégage une vraie douceur, une forme de bonté qui devient une force et lui permet, in fine, de regarder ses mains qui ont pris le cal des travailleurs de la terre. Il est juste dommage que, dans la deuxième partie, le film perde parfois un peu de rythme juste avant l’attaque des loups.
