Hommage

Après une carrière des plus solides, Gene Hackman s’était retiré sans faire de bruit du petit monde de Hollywood. Il vient de quitter l’écran après l’avoir marqué de sa présence si caractéristique. Une personnalité que l’on n’oubliera pas.
Il n’avait pas un look de jeune premier, mais il avait la gueule de l’emploi. Capable de se glisser dans les rôles les plus différents possibles, tout en leur insufflant une vraie personnalité : Gene Hackman savait moduler son jeu. L’homme n’était pas du genre à courir les interviews-confession et sa mort comporte, elle-même, une part de mystère. On a retrouvé le comédien âgé de 95 ans et son épouse, la pianiste Betsy Arakawa, 63 ans, morts à leur domicile du comté de Santa Fe au Nouveau Mexique, ainsi qu’un de leurs trois chiens.Et l’hypothèse d’une intoxication accidentelles au monoxyde de carbone, avancée par une des filles de l’acteur, a été reconsidérée par le détective Roy Arndt justifiant un mandat de perquisition car les circonstances de cette double mort étaient « suffisamment suspectes pour nécessiter une recherche et une enquête approfondies ». Un contexte qui aurait de quoi nourrir déjà un scénario de films.
L’important est ailleurs et dans la carrière d’un acteur magistral, une des plus fortes personnalités d’Hollywood. Un artiste dont le décollage de la carrière, au début des années 70, a coïncidé avec l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes qui, tels Francis Ford Coppola, Dennis Hopper ou encore Martin Scorcese n’ont pas hésité à braver la toute puissance des studios.
Il est vrai, Gene Hackman n’avait pas connu un parcours rectiligne : engagé à 16 ans au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans les Marines, mais confiant que « l’autorité de lui réussit pas« , il mène une vie de bohème et file à New York – après quelques cours à la prestigieuse école de la Pasadena Playhouse, dont certains profs lui prédisent une modeste carrière- pour débuter à Broadway. Sa calvitie naissante et sa moustache deviennent déjà ses signes distinctifs. Il a presque 40 ans quand Arthur Penn le fait tourner dans Bonnie and Clyde où il campe le frère aîné du gangster. Nous sommes en 1967. Revenant sur ce film dans les colonnes de L’Express en 2000, il soulignait simplement que c’était « juste un job, merveilleux, oui, mais un simple boulot ».
