S’opposer à de tels enjeux économiques relève d’une tentative suicidaire et on le mesure en suivant la fuite à travers le maquis de Joseph, une espèce de résistant de la dernière chance, qui ne peut que conduire au pire, malgré le soutien d’une partie des vieux habitants. Dans cette fuite, on voit bien comment le visage de la Corse sauvage est défigurée par les nombreuses constructions de villa

Il y a un vrai réalisme dans ce récit, nourri par un tournage précédent du cinéaste en 2017, d’un documentaire sur un berger, Joseph, qui a inspiré le personnage du Mohican. Un berger avec lequel Alexis Manenti a passé du temps pour mieux comprendre son quotidien et l’expérimenter même physiquement. Le résultat est là et l’acteur est plus vrai que nature avec ce personnage têtu et taiseux.

Tourné sans fioritures musicales et dans une espèce d’urgence, marquée par beaucoup de travellings qui suivent les courses éperdues de Joseph pour échapper aux tueurs, Le Mohican est, sans doute, un des meilleurs films sur la Corse sorti récemment. Une espèce de western insulaire sur un monde en train de disparaître, très bien illustré par la séquence dans la bergerie perdue dans la montagne où Joseph trouve refuge et qui sert de cadre au drame final.