Le théâtre de la liberté

Le film montre bien comment ce dispositif peut toucher même des détenus les plus coriaces. Ainsi Clarence Maclin, qui était un prisonnier redouté, a eu envie de suivre ce programme en découvrant par hasard la mise en scène d’une pièce de théâtre un jour où… il dealait de la drogue dans la chapelle de la prison. Et on voit bien, quand Colman Domingo pète un plomb durant une répétition comment ces hommes cachent de grandes blessures intérieures et peuvent se laisser aller à des accès de violence.

Construit sur des situations et des dialogues qui sonnent juste – deux détenus Whifield et Maclin ont fait plusieurs relectures – Sing Sing décrit avec précision, mais parfois quelques longueurs, le lent processus créatif des membres de cet atelier. Et Greg Kwedar a privilégié la caméra à l’épaule, ce qui permet aux spectateurs d’être au plus près des personnages et de permettre de miser parfois sur l’improvisation pour garder la spontanéité du jeu.

Cet opus n’est pas sans résonance avec le film en noir et blanc des Taviani, César doit mourir (2012), à la mise en scène plus originale, et qui filmaient des prisonniers jouant la tragédie de Shakespeare dans la prison romaine de Rebibbia. En tout état de cause, Sing Sing montre bien comment la pratique artistique peut permettre à certains condamnés à de lourdes peines à se reconstruire. On est alors loin du discours sécuritaire si médiatique de nos jours.

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