Mon village à l’heure allemande

La force de cette saga, c’est de raconter l’Histoire et les années noires du nazisme, par le truchement de la description très vivante de la vie de cette famille de la bourgeoisie moyenne dont un des personnages centraux est Marie Simon ( l’impressionnante Marita Breuer) qui symbolise bien le destin des femmes au XXe siècle. Mises bout à bout, ces tranches de vie d’hommes et de femmes, suivis sur la durée, finissent par devenir exemplaires de l’histoire du peuple allemand. Ainsi, une simple réunion de famille où la jeune mariée réussit, aidé par un officier de la famille, à parler au téléphone à son mari engagé sur le front de Crimée en dit long sur la campagne d’endoctrinement menée par l’armée, mois après mois.

Pour créer son village, situé, selon ses dires, « à l’exact milieu de la ligne Paris-Berlin, l’axe fondamental de la création de l’Europe », Edgar Reitz a tourné dans cinq villages. Et avec son directeur de la photo, il fait un mariage extrêmement intéressant du noir et blanc et de la couleur au fil des épisodes, ce qui confère à sa mise en scène une grande force sans que jamais l’effet ne fasse gadget.

En faisant sauter cette chape de silence et de non-dit pesant sur la vie allemande, Heimat a permis à l’Allemagne d’affronter son passé et de voir d’où elle vient pour lui permettre de sortir des névroses du non-dit. Un roman cinématographique prenant de bout en bout et qui résonne singulièrement où certains, en Europe, semblent oublier les démons du passé.

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