Hommage
Les six films qu’elle a tournés avec Pedro Almodóvar lui ont offert une reconnaissance internationale. Venant de disparaître à l’âge de 78 ans, Marisa Paredes était une des grandes actrices espagnoles. Et une femme qui n’avait jamais sacrifié son sens de la liberté.
Pour les amoureux du cinéma, Marisa Paredes demeurera cette apparition fulgurante alors qu’elle chante Piensa en mi, en playback, dans Talons aiguilles, un des films de Pedro Almodóvar dont elle fut une des égéries. Avec la trace de son rouge à lèvres que l’on découvre sur le plancher d’une scène, marquée de ses larmes… Son rôle ? Celui de Becky del Paramo, une diva peroxydée et mère égocentrique de Victoria Abril qu’elle a abandonnée enfant…
Issue d’un milieu ouvrier – sa mère était concierge et son père, Lucio, ouvrier dans une brasserie et elle avait connu une enfance « pareille à un conte de Dickens« , selon ses termes – María Luisa Paredes Bartolomé qui, rêvait toute jeune de jouer la comédie, a commencé dès l’adolescence à poursuivre ce rêve contre vents et marée. Déjà fille de caractère, elle avait menacé de faire la grève de la faim si ses parents lui interdisaient de jouer au théâtre. Une manière, surtout sous la dictature de Franco, pour une femme de mener une vie libre et indépendante. Cela va lui permettre de devenir un visage familier du petit écran des années 70, qui diffusait des pièces du répertoire.
Garcia Lorca à Beckett en passant par Ibsen et Tchekhov qu’elle joue aussi pour la télévision : le théâtre lui a collé à la peau. Elle déclarait : « J’ai eu de la chance, car je n’ai pas l’air espagnol (…) Lorsque la télévision était cultivée et qu’elle diffusait du théâtre, j’ai joué tous les drames de Tchekhov, Dostoïevski, Ibsen. C’était l’âme russe. Le grand drame ».

