Décrivant son film comme « une hallucination autobiographique », Matthew Rankin construit un univers où il faut s’embarquer si l’on ne craint pas de se perdre bien de ses repères, tant le réalisateur multiplie les pistes de lecture, les émotions, à travers le parcours de ses « héros » et notamment des enfants confrontés à des dilemmes d’adultes. En prime, les dialogues renforcent le côté étrange de l’histoire se déroulant au Canada : ils sont en farsi, la langue officielle en Iran, pays dans lequel le réalisateur-acteur a voyagé, plus jeune, à la découverte d’un cinéma qui le fascinait. Quant à l’univers urbain, qui se distingue par ses teintes aseptisées, il n’a rien d’un meilleur des mondes, même en rêve et quand on pénètre chez les marchand de dinde, on a le sentiment de replonger dans le quotidien d’un pays de l’Est à la grande époque de Staline.
Mariant humour avec le loto des kleenex notamment, émotion et poésie – la présence des dindes ménage quelques moments de douce folie – cette Langue universelle est un OVNI cinématographique, en forme d’invitation à un dialogue le plus large possible. Un film vraiment très étrange…
