Une femme-taureau face à la violence

En utilisant la figure du Minotaure, chère à Picasso (et grand amateur de corridas), Emma Benestan fait basculer son récit vers le fantastique, mais la métamorphose tourne au grand guignol et la réalisatrice a oublié les leçons de La Féline où Maurice Tourner avait suggéré sans surligner les changements physiques en créant une tension incontournable.

Alors, malgré l’engagement complet de Oulaya Amamra que l’on sent investie de bout en bout dans son rôle, l’histoire ne parvient pas à nous toucher – et pourtant le sujet ne pouvait que le faire – et, si Emma Benestan décrit bien la vie de ces habitants du Far West français par une mise en scène rythmée, notamment dans les séquences de courses camarguaises où l’on ressent le danger de l’exercice, ces gardians semblent un peu caricaturaux. On peut aussi se demander pourquoi fallait-il absolument, intégrer le personnage du gardian homosexuel et accepté de ses pairs, alors même qu ‘ils entretiennent un mythe de la virilité et de la violence d’une vie sauvage.

Les amoureux d’une Camargue préservée apprécieront la beauté de la photographie, les autres seront terriblement déçus. Quant à la métamorphose de l’héroïne, elle donne le sentiment d’être un peu « cheap ».

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