Mariant musiques – la brochette de stars noires se produisant durant ce festival autour de la boxe (de James Brown à B.B. King en passant par Miriam Makeba) est impressionnante – interviews (notamment Norman Mailer qui couvrait la rencontre) et reportages, When we were kings fait revivre l’intensité de la rencontre, la violence de l’atmosphère et le talent d’organisateur d’un Don King, organisateur et manager au passé sulfureux, pour tirer parti du moindre incident et le monter en épingle. On voit ainsi comment une blessure à l’entraînement de Foreman créé une tension vive et fait craindre au report de la rencontre, même si les enjeux financiers aidant, la chose paraît difficile.
Suivant un Muhammad Ali plus charismatique que jamais, et qui affiche ses convictions profondes – religieux, politiques contre la ségrégation, contre la guerre du Vietnam -alors que son adversaire n’évoque que le combat à venir – When we are kings est le portrait d’un champion prêt à tout pour gagner. Muhammad Ali fera ainsi des cris des badauds en lingala quand il fait son jogging – « Ali, boma ye ! » (Ali, tue-le !) – son slogan pour ce combat. Il le fait même crier sur le ring entre deux rounds.
Le jour J, le match étant lieu à 4 heures du matin pour que les télévisions américaines ne soient pas victimes du décalage horaire, et alors qu’il ne cessait de répéter « je danse comme un papillon », Ali opte pour une tactique nouvelle, se réfugie dans les cordes et encaisse les coups durs donné par Foreman durant sept rounds avant de décrocher une rafale de coups dans le dernier round et de faire tomber son adversaire qui s’écroule. C’est le K.O.
Symboliquement, Muhammad Ali qui fut déchu de son titre de champion du monde et de ses droits civiques en 1967 pour avoir refusé de partir au Vietnam, prouvait la cohérence d’un parcours et de son engagement pour les droits de la communauté noire, lui qui n’avait jamais été invité à la Maison blanche.
Ce doc a reçu un Oscar et le méritait bien pour sa capacité à restituer l’importance de ce combat qui dépassait largement le seul cadre du ring.
