Jouant très bien sur la violence des éléments et la tempête qui va passer sur l’île – le travail de la directrice de la photographie, Claire Mathon est magnifique – Hanna Slak mise visuellement sur le contraste entre le décor feutré de leur appartement en ville et la nature « libre » avec l’océan, le vent, les marées, la pluie… Le fait que Nina soit une cheffe d’orchestre réputée et respectée rend encore plus sensible la crise qu’elle traverse avec un fils qui a rompu tout dialogue avec elle, et répond de manière très laconique à ses tentatives de renouer le dialogue. Comme si, dans la vie quotidienne, elle ne savait plus écouter. Graduellement aussi, elle quitte ses oripeaux de maestro pour endosser des tenues plus compatibles avec cette vie au grand air.
L’autre personnage-clé de l’histoire, c’est la musique et la Cinquième Symphonie de Mahler, et Hanna Slak souligne : « La mort d’un enfant est un événement récurrent dans la vie de Mahler, qui a vu six de ses frères et sœurs mourir en bas âge et a perdu l’un de ses propres enfants. Il n’a cessé d’aborder ce sujet dans son œuvre. Mon idée était d’utiliser sa sagesse artistique et de suivre son récit musical de l’obscurité émotionnelle et le désespoir, vers l’amour et la lumière. »
Portée par une interprétation toute en finesse, Pas un mot parvient à exprimer en images bien des tourments traversés par les personnages. Il est dommage pourtant que certaines pistes ne soient pas plus abouties, notamment les raisons de la séparation avec le père de Lars, et qu’au terme de ce séjour pour renaître, trop de choses restent suggérées. Ce qui, in fine, rend un peu moins forte ces retrouvailles entre un fils et une mère, malgré le drame vécu.
