Une mémoire d’Hollywood

Évocation d’un monde disparu dont il porte la nostalgie, cette autobiographie est aussi l’occasion pour Billy Wilder de livrer quelques secrets de fabrication d’une histoire qui puisse « passer », même dans une Amérique puritaine, dont il fut un zélé pourfendeur à travers ses films. Ainsi quand dans La Scandaleuse de Berlin, en 1948, il montre un officier d’occupation à la morale douteuse qui échange un cadeau de sa fiancée pour un matelas destiné à sa maîtresse nazie. Quand à La Garçonnière, qui est sorti dans une version restaurée fin août, l’histoire est une évocation des amours adultères et des moyens de progresser dans une entreprise en servant les puissants !

Et tout le reste est folie est enfin l’occasion de voir comment les États-Unis ont servi de terre d’accueil à des juifs qui fuyaient le nazisme et qui, comme Billy Wilder, ont vu périr des membres de leur famille dans l’Holocauste. Un sujet trop grave pour que le cinéaste se laisser aller au moindre pathos. Ainsi, quand il tourne son Spirit of St. Louis, évocation de l’épopée aérienne d’un Charles Lindbergh de 1927, trente ans après ce record, il se retrouve pris dans une tempête, il ne peut s’empêcher de dire à son voisin de voyage, un as de l’aviation qui était aussi conservateur qu’antisémite : « Mr. Lindberg, ça ne vous serait pas un peu désagréable, si nous tombions, qu’on puisse lire demain en gros titre dans tous les journaux : « L’aigle solitaire et son ami juif périssent en avion  » ? Lindberg se contenta d’un demi-sourire. Il avait parfaitement compris. »

Une vie passionnante d’un cinéaste à redécouvrir dans cette autobiographie d’une belle franchise où Wilder livre, en filigrane, des portraits sur le vif de grandes stars.

(*)Nouveau Monde Éditions

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