Une mémoire d’Hollywood

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Dans Et tout le reste est folie (*), Billy Wilder raconte son parcours étonnant de scénariste et de réalisateur au romancier et journaliste allemand Hellmuth Karasek qui a mis avec talent en musique ces fragments d’une vie pas banale. Et signe ainsi le portrait d’un cinéaste à l’humour ravageur.

Pas suspecte de flagornerie, Marlene avouera un jour : « Je n’ai travaillé que pour deux grands réalisateurs : von Sternberg et Billy Wilder. » Il est vrai, et on le mesure à la lecture de Et tout le reste est folie, le parcours de ce scénariste et cinéaste relève d’un certain miracle. Et illustre bien une certaine idée du rêve américain.

De Vienne à Hollywood, en passant par Paris, Billy Wilder revisite, en compagnie du journaliste Hellmuth Karasek, sa vie de scénariste et de metteur en scène, sur un rythme soutenu et avec un vrai franc parler : anecdotes, souvenirs et des photos personnelles inédites (même si la reproduction est moyenne) illustrent ce récit savoureux. Plus de vingt films d’anthologie, dont The Foreign Affair (La Scandaleuse de Berlin), Sunset Boulevard (Boulevard du Crépuscule), Some like it hot (Certains l’aiment chaud), The Apartment (La Garçonnière)… ont marqué sa carrière avec, au générique, un défilé de stars : Ginger Rogers, Barbara Stanwyck, Gloria Swanson, William Holden, Erich von Stroheim, Audrey Hepburn, Humphrey Bogart, Gary Cooper – et bien sûr Marlene Dietrich et Marilyn Monroe.

L’astuce de Hellmuth Karasek, même s’il suit une forme de chronologie, c’est d’avoir restitué les enjeux les plus forts de la vie professionnelle d’un cinéaste doté d’humour et dont la vie est intimement liée à un certain âge d’or d’Hollywood, en y intégrant des propos directs de Wilder ce qui rend le récit nerveux et vivant. Cet humour, le cinéaste fit preuve dans bien des circonstances comme une forme de rempart à la pudeur. Ainsi quand il passait à l’automne de sa vie devant le cimetière de Westwood où ont été enterrées Nathalie Wood et surtout Marilyn Monroe, Wilder aimait lancer : « Ne vous impatientez pas ! J’arrive ! »

Livrant bien des anecdotes, le cinéaste le fait sans jamais se départir d’un franc parler : qu’il parle de ses relations avec Humphrey Bogart, qui aavait besoin d’être aimé et avait du mal à tenir sans l’alcool, d’où des fins de journée sans tournage, ou de ces engueulades avec Marilyn Monroe et un échange de courrier musclé avec Arthur Miller. Ainsi, à la fin du tournage de Certains l’aiment chaud, qui fut un parcours du combattant, il lança à une journaliste lui demandant s’il voulait tourner encore une fois avec elle : « J’en ai parlé avec mon médecin de famille, mon psychiatre et mon comptable, ils m’ont dit que j’étais trop vieux et trop riche pour traverser encore une fois pareille épreuve. »

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