Un « monstre » face à son créateur

Cinématographiquement, Paul Wegener signe ici un film complètement expressionniste dans la lignée d’un cinéma allemand qui croyait en la force des objets comme des décors pour exprimer visuellement les déséquilibres d’un monde tourmenté. Avec ce golem, le cinéaste créé un personnage qui est un inquiétante synthèse entre l’humain et l’objet (quand il redevient inanimé et semble un gisant). Son film a une résonance particulière en plus dans une Allemagne qui vit une crise totale après la défaite de 1918 et dont la population souffre au quotidien. Et, aussi bien dans les scènes magiques que dans celles où le Golem sert un peu d’homme à tout faire dans le ghetto, on est surpris par la force des images, notamment quand il est question du feu destructeur et purificateur.

Enfin, ce film qui a marqué des générations de cinéastes et de spectateurs joue sur une ambiguïté forte : de protecteur de la communauté juive de Prague (qui est montrée ici d’une manière plutôt caricaturale en prime), il devient son assaillant, voire son bourreau. Et le « salut » viendra de la petite fille blonde, incarnation d’une certaine pureté…

Si marquante dans le cinéma muet, la musique originale est de Hans Landsberger, mais, dans les bonus du DVD, on pourra aussi découvrir une musique de Admir Shkurtaj  et du Mesimer Ensemble : composée pour un orchestre de chambre, elle fut jouée lors de la présentation de la restauration à Venise, puis enregistrée en studio. Y figurent encore une musique électronique signée de Wudec, un musicien polonais et la version de Stephen Horne : un solo de piano interprété par l’un des accompagnateurs de films muets les plus connus en Angleterre.

Un film incontournable pour tout cinéphile.

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