Samuel Fuller dans la légende de l’Ouest

Tout converge durant ce film, utilisant subtilement l’atmosphère du noir et blanc et une photographie contrastée, vers la femme qui est à l’origine de tout, celle par qui le malheur arrive. Se moquant de la stricte réalité, Fuller revisite la légende en faisant de l’amour le « mobile » de cette criminelle trahison, avec un personnage central finalement condamné à la solitude à vie et qui survit en jouant les comédiens d’un soir. Ayant perdu celle qu’il aimait, il est alors confronté à ceux qui veulent se mesurer avec un homme qui a la réputation (usurpée) d’être un redoutable tireur (y compris quand il s’agit d’un adolescent, ce qui rend l’atmosphère encore plus lourde).

Si le film est inégal par moment, il contient bien des promesses qui germeront ensuite dans les films si personnels de Samuel Fuller. Un western assez psychanalytique et baroque sur un héros prisonnier (sans barreaux) de son passé et dans lequel les scènes d’action sont réduites au profit de moments où le cinéaste tente de percer la vérité des personnages derrière leur masque. Une vision sombre et désenchantée , comme Fuller, marqué par la guerre à laquelle il a participé lors des trois Débarquements, les aime et le prouvera par la suite dans ses plus grands films.

Manquant visiblement de moyens, parfois un brin bavard, ce premier film de Fuller porte pourtant déjà la griffe d’un cinéaste qui a trouvé des astuces pour parer à une production économe, comme les quatre plans consécutifs sur des paysages alors que Bob Ford file bosser à la mine, pour pallier l’absence de scènes de chevauchées toujours coûteuses. Il y a encore le duel nocturne et les plans d’un John Ireland sur fond opaque, ce qui rend la dramaturgie du moment encore plus forte.

Un autre lien pour visionner le film.

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