Une mère incroyable

Tout au long du récit, Valeria Bruni Tedeschi porte à bout de bras le personnage de cette femme déclassée et qui emprisonne son fils dans ses rêves de vie illusoires et de son amour envahissant. Dès la séquence d’ouverture – le film a été tourné dans un déroulement presque chronologique – l’actrice campe parfaitement cette femme qui tente de décrocher un énième job et erre dans ce décor aussi anonyme que possible. Et la séquence suivante d’entretien avec son banquier – d’un humour assez glacial- ne fait qu’enfoncer le clou. En fait, elle ne trouve qu’une écoute que dans le bar de la Pénélope du quartier bétonné, cette jeune femme qui gère avec une douceur non exempte de fermeté son bar de laissés-pour-compte et que campe avec beaucoup de justesse Lubna Azabal. Face à elle, Félix Lebevre joue avec une grande sensibilité ce fils qui aime sa mère, tout en ayant honte de sa vie, de ses excès. Il retrouve ainsi à l’écran l’actrice avec laquelle il avait déjà tourné dans Été 85, de François Ozon.

Si le film peut parfois dérouter, on ne peut qu’être captivé par cette relation en forme de piège où le réalisateur tourne au plus près des personnages pour saisir les interrogations psychologiques, approcher au plus près des blessures, de névroses. Morgan Simon a ainsi opté pour le format 1.66 pour « isoler les personnages sans les enfermer » selon ses paroles et il a aussi fait durer certaines prises de 20 à 45 minutes pour parvenir à saisir l’intensité de certaines échanges.

Film prenant sur cette relation mère-fils, Une vie rêvée est aussi une auscultation réussie de la souffrance d’une femme déclassée, qui ne s’estime pas digne de l’amour de son fils. Parfois dur, mais d’une grande finesse psychologique.

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