Une pépite signée Audiard

Une mise en scène brillante. Aussi bien dans les scènes intimistes que dans les séquences -très violentes- d’action, Jacques Audiard prouve une fois de plus sa maîtrise de la mise en scène et l’image, fruit du travail avec Paul Guilhaume, directeur de la photographie, est splendide, notamment dans les scènes diurnes et dans l’attaque finale au cours de laquelle les coups de feu résonnent au cœur de la nuit dans une sorte de western moderne dans des éclairs orangés, renvoyant à la magnifique séquence d’ouverture des Frères Sisters. Son ultime opus a, fort logiquement, remporté le Prix du jury au dernier Festival de Cannes où il aurait largement mérité de rafler une Palme d’or.

Un casting féminin trois étoiles. Si Karla Sofia Gascón, seule présente à la cérémonie des prix à Cannes, a marqué les esprits par son discours – les actrices principales ont remporté un Prix d’interprétation féminine collectif- ses autres partenaires se distinguent pas un jeu impeccable, notamment Zoe Saldaña dans le rôle de cette avocate compromise jusqu’au cou dans les crimes du chef du cartel et à laquelle Jacques Audiard offre un de ses rôles les plus complexes et les plus denses.

Mais, il est vrai, Sofia Gascón exprime avec subtilité le mal-être de ce chef de gangs ne supportant plus son corps d’homme. La comédienne conclue : « Emilia Pérez, c’est un peu comme si la Belle et la Bête étaient enfermées dans un même corps. Au début du film, elle est Manitas, une femme prisonnière d’une vie qui n’est pas la sienne mais qui, à un moment de son existence, à l’opportunité de laisser derrière elle cette vie dont elle ne veut plus. Manitas a grandi dans un monde où les parents préfèrent que leurs fils soient des délinquants plutôt que des « pédés ». Cela le piège à deux titres : dans la délinquance, et dans une masculinité qui n’est pas lui. »

Un des films les plus forts de l’année et magistralement réalisé. Un vrai chef d’œuvre qui se joue avec maestria des genres.

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