Disparition
Gena Rowlands vient de disparaître. Elle avait incarné bien des nuances de jeu dans des personnages féminins qui ont marqué le grand écran, notamment Une femme sous influence, Gloria, signé de John Cassavetes avec lequel elle forma un couple de légende, servant l’art sans jamais perdre le sens de l’humour.
Morte le 14 août, à l’âge de 94 ans, à son domicile de Californie des suites de la maladie d’Alzheimer, Gena Rowlands reste pour une majorité de comédiens(nes) un modèle de jeu parfait. Car la comédienne et compagne de John Cassavetes (1929-1989) avait, plus qu’aucune autre actrice, exprimé un très large nuancier de l’expérience féminine.
Dans tous ses rôles, Gena Rowlands a souvent campé des personnages marqués par l’échec : de ces femmes fatiguées, au bord de la folie, abordant la vieillesse avec crainte, confrontée à la solitude… Avec John Cassavetes, elle a incarné la liberté de l’artiste, défendant bec et ongle son indépendance, quitte à en payer le prix. Ensemble, ils ont signé un cinéma qui prenait des risques et un certain cinéma indépendant américain.
Gloria est sans doute le film qui symbolise le plus fort ce désir de liberté et il avait valu à l’actrice, en 1980 d’être nommée aux Oscars de la meilleure actrice. Dans ce film, elle joue une femme qui doit plonger dans une fuite totale, flanquée d’un petit portoricain, dont les parents viennent de se faire flinguer. Ensemble, ils sont alors pourchassés par la mafia. La particularité de son personnage, c’est de voir cette femme très classe en robe Ungaro, qui est capable de tirer sur les mafieux qui veulent empêcher cette fuite dans les rues glauques de New-York. Avec son cinéaste de mari, elle a incarné des femmes en marge : de la prostituée de Faces à une femme et épouse étouffée par les normes dans Une femme sous influence. Elle avait déclaré en 2015 au Hollywood Reporter : « Il s’intéressait particulièrement aux femmes. Il s’intéressait aux problèmes des femmes, à leur place dans la société et à ce qu’elles doivent surmonter. Il m’a offert des rôles vraiment merveilleux »

