La cinéaste et les nazis

Jérôme Bimbenet souligne : « Leni Riefenstahl n’est pas une journaliste, elle ne témoigne pas. Elle participe à l’élaboration de la vision hitlérienne du régime. Elle fabrique l’image du national-socialisme. Ce film fut pensé, préparé longtemps à l’avance. » Alors, même si elle ne fut jamais inscrite au parti nazi, la cinéaste resta fasciné par son chef qui finança directement certains des ses projets. Difficile ensuite de balayer d’un revers ce lourd compagnonnage d’une formule dont usait Leni Riefenstahl : « Où est ma faute ? »

Et l’auteur rappelle aussi comment la cinéaste aurait pu assister à certains massacres en Pologne ou comment elle utilisa des tziganes, après un casting dans un camp de détention, sous la direction du SS Böhmer, avant que certains d’entre deux ne terminent leur jour à Auschwitz, pour tourner sa parabole nazie Tiefland (qui ne sortira qu’en 1954).

Il serait tentant « d’excuser » l’attitude de l’artiste par une passion permanent pour l’art, la technique, la création, tout comme il serait tentant d’atténuer ses compromissions nazies par son engagement pour les Noubas du Soudan, même si le travail de Leni est loin d’être celui d’une vraie anthropologue. Même dénazifiée, Leni Riefenstahl ne pourra jamais faire oublier cette réputation sulfureuse, même si tous s’accordent pour saluer son côté avant-gardiste. La puissance artistique n’excuse pas les dérives les plus honteuses et les comportements humains peu recommandables. La « naïveté » de son attitude, qu’elle évoqua parfois, est un mot un peu faible pour défendre les positions d’une artiste doté d’une rare intelligence et d’une grande force de volonté.

(*) Ed. Texto

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