CINÉMA : RÉTROSPECTIVE
Pour marquer le cinquantenaire de la disparition de Marcel Pagnol, et après un cycle intégral présenté à la Cinémathèque de Paris, une dizaines de ses films et en version restaurée sont repris au cinéma.
Incontestablement, Marcel Pagnol a marqué tous les arts : théâtre, littérature et, bien sûr, cinéma. Qu’il adapte des œuvres d’autres auteurs (Giono notamment) ou qu’ils mettent en scène ses propres histoires, Pagnol a inventé un univers en faisant vivre sur grand écran toute une galerie de « petites » gens. Avec le recul, on reconnaît son style dès les premières scènes avec ce mélange de réalisme et de poésie et des thèmes récurrents : l’amour, la perte d’un enfant, la mort d’un frère, d’une mère, l’éducation, les racines. Et il a prouvé qu’on pouvait réunir un cinéma populaire à la grande littérature. Lui qui avait créé ses studios de cinéma à la Buzine entre Aubagne, sa ville natale, et Marseille, fut aussi fidèle à une bande de comédiens. Quitte à braver les producteurs.
Ainsi quand la Paramount décida d’adapter (en trois langues) Marius qui avait fait un tabac au théâtre à Paris, Pagnol – auquel on a accordé un droit de regard sur le tournage – refuse de se voir imposer des acteurs sous contrat avec la société de production. De son côté, venu spécialement de Hollywood où il est installé pour voir la pièce au Théâtre de Paris, le réalisateur hongrois Alexandre Korda trouve les comédiens formidables, surtout Raimu. Pour la petite histoire, c’est le même Raimu, qui avait sauvé la partie de cartes sur scène, alors qu’elle avait été coupée.
On connaît la suite de l’histoire et cette Trilogie marseillaise – les spectateurs ayant poussé Pagnol à écrire une suite car la fin de Marius leur semblait trop triste – rentre dans les annales du cinéma parlant et fait vivre le fameux « Bar de la marine » et le petit peuple du vieux port de Marseille. On sait qu’un Orson Welles ne tarissait pas d’éloges sur Raimu. Pagnol a encore de longues années devant lui pour définir « son » cinéma et son inspiration est vaste…

