Sans jamais surligner le trait, signer un tract politique, Pier-Philippe Chevigny montre le cynisme du système où les ouvriers latinos sont filmés et surveillés dans les chambres loués à l’employeur, où on leur donne des médicaments pour les faire tenir, même si ces traitements présentent des risques pour leur santé. Incarnant le chef qui fait bosser ces étrangers, Pierre-Marc Grondin (C.R.A.Z.Y et Le Premier Jour du reste de ta vie) campe un personnage tout en nuances, ce qui rend la situation encore plus cruelle et la critique encore plus forte. Commentaires du réalisateur : « Pour moi, ce ne sont pas les individus qui sont à blâmer mais un système où tout le monde est à la fois victime et complice. » Face à lui , Ariane Castellanos est juste de bout en bout, notamment dans la scène à l’hôpital où elle tente de tenir éveillé l’ouvrier victime d’une hémorragie ou dans les séquences tendues face au patron. Sa prestation toute en finesse lui a d’ailleurs valu un Prix d’interprétation au Festival Saint-Jean-de-Luz. Et elle vient de recevoir un autre Prix d’interprétation au Festival du film de demain à Vierzon alors que Pier-Philippe Chevigny y a remporté celui du Meilleur scénario.
In fine, ce film politique et engagé montre comment certains aliments peuvent nous coûter moins cher au prix d’un tel système social qui semble sorti d’une autre époque. Et même si, malgré l’adversité, parmi ces travailleurs étrangers, la solidarité est forte et leur permet de surmonter le pire.
