Romain Gary : le tournant américain

Après se pose, avec un tel couple mythique et si différent, qui connut une passion forte avant la séparation et leur mort tragique, une question incontournable : c’est celle de l’incarnation. Malgré son incontestable talent, Denis Ménochet ne parvient pas à restituer à l’écran la complexité du personnage Gary, séducteur, torturé, dévoré par un spleen slave et qui passa sa vie à s’inventer différentes identités. Le physique massif et bourru du comédien s’accorde mal avec la stature et l’élégance du vrai Gary. À cet égard, il est intéressant de se replonge dans le bel essai de Kerwin Spire, Monsieur Romain Gary – Consul général de France (Ed. Gallimard) qui décrit très bien comment, s’affranchissant des conventions, le romancier a vécu une métamorphose aux États-Unis, tant littéraire que personnelle.

De même, Kacey Rohl a du mal à faire « exister » sur grand écran la figure à la sensualité troublante de Jean Seberg qui va prendre fait et cause pour la cause noire et soutenu le Black Panther Party, qui la conduisit à être une des cibles du FBI. Et sa mort tragique n’a depuis cessé de nourrir bien des rumeurs.

Le propos du film est grave et résonne particulièrement à une époque où la question de la ségrégation raciale est malheureusement toujours tristement d’actualité. Mais, la passion forte (et sans doute destructrice) entre Jean Seberg et Romain Gary n’a pas le relief nécessaire dans ce film pour restituer la complexité d’un tel couple.

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