Sabine Prokhoris, philosophe et psychanalyste, signe un ouvrage documenté qui revient sur la figure d’un réalisateur devenu « haïssable » dans Qui a peur de Roman Polanski ? (*) Une remise en cause de certaines vérités médiatiques en reprenant les « affaires » par le menu. Un opus courageux et qui questionne aussi le rôle des médias.
Il faut oser écrire un texte un brin objectif sur Roman Polanski aujourd’hui, tant le cinéaste est l’objet d’un portrait du créateur à détester, de ce « Violanski » . Sabine Prokhoris n’en a cure et signe avec Qui a peur de Roman Polanski ? (*), un plaidoyer très documenté en forme de défense de l’œuvre et de l’homme face à des attaques qu’elle trouve injustes. Son propos ? La figure d’un homme haïssable a été forgée au long cours, dès l’assassinat en 1969 de son épouse Sharon Tate : en était-il » si innocent » (sic), tant du fait de son œuvre » satanique » que de sa vie supposément dissolue ? Une partie des médias aurait installé ce poison dans l’opinion. Relancé par l’épisode de sa relation sexuelle illicite avec une mineure en 1977, un acharnement irrationnel, en roue libre depuis la sortie de J’accuse en 2019 l’a poursuivi sa vie durant… Tel est le point de départ, sans nul doute polémique, de son essai.
De fait, et le tir de barrage contre son dernier film, encore inédit en France, The Palace, en témoigne, Polanski apparaît aujourd’hui comme un artiste maudit, avec, comme le montre l’auteure, une manière d’interroger le parcours de l’homme à travers une lecture de son cinéma et de films qui, même si l’humour noir y est parfois présent, s’inscrivent plutôt dans le cauchemar, la violence. Ainsi évoque-t-elle le livre Roman signé Nathalie Reims ? « Selon elle, Polanski la rejoindrait dans un « certain goût pour les forces sataniques », ce qui sans doute la rangerait elle-même du côté des grands artistes, lesquels comme chacun sait ne peuvent que frayer avec le diable… »

