Montrant bien comment le corps féminin est, sans cesse, observé, ausculté dans nos sociétés, indépendamment même des cultures et des diktats religieux, Milena Aboyan décrit avec finesse les relations familiales de Elaha, dans une famille aimante et qui, après l’exil de l’Irak, tente de retrouver une place dans la société allemande (le père dirigeait une entreprise dans son pays et doit accepter des boulots sans qualification). Dans la mesure où sa famille vient d’une certaine couche bourgeoise, la situation de la jeune fille n’en est que plus incompréhensible et les propos de sa mère dans la dernière partie du film sont d’autant plus choquants que l’on sent en elle un réel amour pour sa fille aînée. De son côté, Elaha est tiraillée entre son désir d’émancipation et une famille à laquelle, comme le le dit à son petit ami allemand, elle reste très attachée.
Autour de cette quête d’un hymen perdu -et dont la préservation n’a aucune justification thérapeutique comme le rappelle la séquence avec le gynécologue – se joue aussi des enjeux médicaux et le coût d’une « réparation » avant mariage. Très bien joué par Bayan Layla, dont beaucoup d’émotions passe par le regard, Elaha est confronté à un futur mari qui, pourtant ouvert, ne peut se soustraire à la pression sociale et familiale extérieure et reproduit de vieux schémas de pensée.
Si le film aurait mérité quelques coupes pour en préserver l’intensité du scénario, ce drame pose avec force le poids que la société fait encore peser sur les femmes et sur leur sexualité dans un monde dit « moderne ».
