CINÉMA : MERCREDI 31 JANVIER 2024
LA ZONE D’INTÉRÊT, de Jonathan Glazer – 1h46
Avec Sandra Hüller, Christian Friedel
Mon avis : 5 sur 5
L’histoire
Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.
Et alors ?
Étrange titre pour ce film… Et pourtant, il correspond à une donnée de sinistre mémoire à côté de la célèbre formule de « solution finale ». De fait, l’expression « zone d’intérêt » était utilisée par les SS nazis pour nommer le périmètre de 40 km2 entourant le camp de concentration d’Auschwitz en périphérie d’Oświęcim en Pologne ! Une expression qui symbolisait bien la volonté de précision quasi « scientifique » chez les sbires de Hitler.
De manière presque médicale, Jonathan Glazer nous fait pénétrer dans ce cadre géographique à la découverte de ses habitants et dans un terrain où la vie côtoie sans cesse la mort, tout en la mettant à distance. Le camp, c’est un peu l’usine où le cadre nazi Rudolf Höss va « travailler », vêtu d’une tenue impeccable et montant un cheval de race. « Il s’agissait de créer une arène », note le réalisateur qui a opté pour une mise en scène presque théâtrale avec l’installation de tout un décor sur place en Pologne et l’utilisation de caméras de surveillance pour capter les nombreuses séquences qui étaient mises en scène en même temps dans le même bâtiment, ce qui donnait aux comédiens une grande latitude de jeu et offre une description aussi réaliste que « banale » de la vie de ces bourgeois nazis. Un scénario qui est le résultat de trois ans de recherche du cinéaste et de son équipe au Mémorial et Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau. « Le but était de parcourir tous les ‘livres noirs’, les milliers de témoignages de victimes et de survivants. » Et d’ajouter : « « Je cherchais le moindre détail sur Rudolf Höss, sur sa femme Hedwig ou sur leurs enfants ».

