Dans l’esprit des Duellistes, de Ridley Scott, Vincent Perez signe l’histoire d’une haine farouche entre un maître d’armes réputé et un militaire sanglant et sadique, lui-aussi traumatisé par les guerres qu’il a servies ( Vincent Perez le campe avec beaucoup de force), à la suite d’un duel mortel qui emporta le neveu du maître d’armes, engagé alors dans une rencontre inégale. Le tout sous le regard d’un patron de presse (excellent Damien Bonnard) qui masque mal sa peur du monde féminin, peut-être par une attirance que l’on cache à l’époque pour les hommes…
Le maître d’armes, c’est un Roschdy Zem que l’on n’attendait pas sur une piste d’escrime et qui est pourtant totalement crédible dans le rôle d’un homme taiseux et solitaire qui se fait de l’honneur une certaine idée et n’est pas prêt à barguigner avec ses valeurs, quitte à accepter un duel avec une arme qui n’est pas la sienne (étonnante la séquence d’affrontement au pistolet).
Réglées par Michel Carliez, les scènes d’action sont d’une grande force et d’une grande justesse, soutenues par une mise en scène efficace et par le jeu de comédiens qui savent faire passer toute la violence intérieure qui les habite. Outre le duel de gala de la scène d’ouverture, qui permet de découvrir chacun des personnages, celui qui voit le « meurtre » du neveu de Lacaze est d’un réalisme total et exprime toute la violence qui peut jaillir sur le pré. Et bien sûr, le combat final au sabre et à cheval (avec cette caméra mobile qui tourne au plus près des deux ennemis mortels) est spectaculaire et prenant.
Avec cette plongée dans une fin de siècle où les affrontements verbaux ne sont pas affaire de réseaux sociaux, Vincent Perez signe un film d’aventure maîtrisé, même si sa réalisation est classique, et une histoire qui se double aussi d’une histoire humaine émouvante.
