La performance de Marion Cotillard

Construisant son film comme une enquête sur ce passé qui est une blessure, Mona Achache a eu l’idée, alors qu’elle a retrouvé des prises numériques dans lesquelles sa mère « se » raconte et « la » raconte d’une certaine manière, de la faire « revivre » dans ce film, sous les traits d’une Marion Cotillard qui se glisse dans les vêtements de Carole Achache, et va jusqu’à porter ses bijoux, mettre des lentilles pour être au plus près de ce personnage. Marion Cotillard, qui signe ici une composition pour le moins étonnante dans ce dialogue entre la réalité et la fiction, souligne : « C’était un scénario assez spécial, singulier, d’une fluidité et d’une simplicité absolues malgré son caractère composite, avec déjà de nombreuses photos. Fiction ? Documentaire ? Onirisme ? Je l’ai dévoré comme un roman. J’ai été littéralement absorbée par le destin bouleversant de la mère de Mona et celui de la généalogie de femmes qui composent sa famille. »

Si le concept de cet ovni cinématographique est austère, il est loin d’être raté et, en se jouant des archives, photographiques notamment, et des reconstitutions de scène « jouée » par Marion Cotillard avec des monologues exclusivement tirés des écrits de la disparue- le décor a été édifié dans une usine désaffectée de Mulhouse et le chef opérateur Noé Bach a fait un travail d’une grande finesse sur l’image -, Little Girl Blue donne « à voir » le parcours singulier de cette femme dont le chemin a croise bien des personnalités, notamment celle de Jean Genet ou de Marguerite Duras. Entre autres…

Récit d’une forme de « malédiction » des femmes du clan, ce film est aussi un bel acte de résilience de Mona Achache qui réussit une forme de psychanalyse cinématographique.

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