Reprises
Quelle chance ! Onze films de l’œuvre de Sacha Guitry ressortent en salles en version restaurée. Cela permet de retrouver l’élégance du style d’un homme de paroles qui savait évoquer, l’air de rien, tout le tragique de l’existence.
Réduire le cinéma de Sacha Guitry à du théâtre filmé est un exercice vain, même s’il a été fait. Si, il est vrai, l’homme parla dans sa jeunesse du 7è Art comme un « art en conserve », on ne peut pas lui en faire reproche, lui qui était le fils d’un grand nom du théâtre Lucien Guitry, ce père auquel il dédia plus tard Le Comédien, bouleversant. Sacha qui écrivit sa première pièce à l’âge de 17 ans et qui enchaîna pièces et opéras-bouffe ne pouvait que se sentir à l’étroit dans l’univers du muet.
Dès sa seule incursion notable dans ce cinéma sans paroles en 1915, il signe pourtant un petit chef d’œuvre, Ceux de chez nous, en célébrant le génie français de son époque et en captant dans l’exercice de leur travail Anatole France, Auguste Renoir, Camille Saint-Saëns ou encore Sarah Bernhardt… Et, en 1952, il ajoutera un commentaire dans une version restaurée, pour expliquer le mentir-vrai de la mise en scène : Saint-Saëns dirige ainsi devant la caméra un orchestre… imaginaire.

