Durant toute une première partie, le film tient ses promesses et Willem Dafoe joue de manière fascinante ce voleur pris au piège et qui, de son côté, a un certain penchant pour l’art et le dessin, comme en atteste une séquence forte du film. C’est lui qui porte de bout en bout le scénario, imprimant sur son visage buriné et capable de faire passer bien des émotions, toutes les angoisses, l’euphorie aussi, de son personnage. C’est d’autant plus fort que le comédien doit « exprimer » bien des choses avec une rare économie de mots et quelques avares monologues. L’histoire ayant été tourné en temps réel, l’acteur a joué sur une complète métamorphose comme il le raconte : « Je me suis laissé pousser les ongles. J’étais sale. Je ne me lavais pas les cheveux. J’ai perdu un peu de poids, parce que j’avais conscience de l’évolution de mon personnage. Sa transformation devait être tangible. Chaque jour, je m’endurcissais, je m’enfonçais dans le personnage, dans son corps, dans son apparence, dans son odeur. »
Si la mise en scène est ample, il lui manque le petit grain de folie qui aurait permis à cette histoire intéressante de passer à un registre supérieur et de montrer l’envers de ce monde de luxe et d’apparence d’une manière plus politique, voire polémique.
