Biographie – Poche
Alors que sort, le 18 octobre, son nouveau film-fleuve, Killers of The Flower Moon, il faut se plonger dans la filmographie du réalisateur, dont les œuvres sont très marquées par sa propre vie, en lisant Martin Scorsese, l’infiltré (*), un travail très documenté, signé Régis Dubois.
« Je suis les films que je fais » a dit un jour Martin Scorsese, une formule reprise par Régis Dubois dans la biographie consacrée au cinéaste qui sort aujourd’hui dans une version réactualisée et qui apporte une foule d’informations sur un cinéaste marqué par son passé, son enfance notamment dans le quartier italien de New York où, enfant malingre et soumis à de terribles crises d’asthme, il découvrira la violence du monde. Une violence qui se retrouve en fil directeur de bien de ses films les plus personnels. Une autre fois, Scorsese a dit lors d’une interview : « Je crois que quand on perd le passé, on se perd soi-même. »
Recoupant de très nombreuses sources, Régis Dubois double l’étude biographique d’une analyse critique des films en proposant aussi une réflexion sur l’évolution stylistique de l’œuvre d’un auteur qui vient de passer le cap des 80 ans. Il fait ainsi un lien entre les dérives personnelles de Scorsese, notamment avec l’abus de drogue qui faillit lui coûter la vie et ses crises d’angoisse artistique, et des opus frappés au sceau de l’adversité, du paroxysme de la violence. C’est ce lien étroit entre l’œuvre et la vie du cinéaste que cet ouvrage montre clairement. Ainsi, quand l’auteur évoque ce témoignage d’un cinéaste qui aime à se confier : « (Dans les années soixante-dix) _j’étais comme Leonardo DiCaprio dans Le Loup de Wall Street : je voulais aller au bout de mes limites. J’ai failli en mourir. Le jour où je me suis regardé, j’ai vu un homme décevant. J’avoue qu’il y a certains éléments, dans le personnage de Leonardo DiCaprio qui sont autobiographiques. J’ai vécu une période dingue. Je venais de tourner La Dernière Valse, qui a été le sommet de la folie, et j’ai commencé à travailler sur Raging Bull. Tout a changé. »

