Sur fond de misère sociale, Jean Vigo -disparu à seulement 29 ans – évoque, à travers une kyrielle de personnages, la vie d’un couple avec ses failles, ses doutes, ses blessures. Cinématographiquement, la mise en scène est magistrale. Il y a par exemple la séquence presque surréaliste où le jeune époux (Jean Dasté) est dans l’eau et où l’on voit le reflet de sa femme. Par des plans serrés, le cinéaste parvient ensuite à nous plonger dans la péniche, nous faisant ressentir presque physiquement le sentiment d’enfermement vécu par la jeune femme.
On a pu dire que L’Atalante fut source d’inspiration pour La Strada, de Fellini, avec notamment l’intrigue secondaire avec le saltimbanque. En tout cas, dans sa version restaurée et qui fut approuvée par Jean Vigo sur son lit de mort, loin des coupes vécues par le film à sa sortie, cet opus reste un incontestable chef d’œuvre, un plaidoyer pour la cinéma social et vivant. Un opus qui ne peut être réduit à la chanson du film, Le Chaland qui passe, et qui n’est qu’un « détail » dans la bande originale, envoûtante et intemporelle, signée Maurice Jaubert.
