Sorties cinéma – reprise : mercredi 13 septembre 2023

L’AMOUR FOU, de Jacques Rivette – 4h12 (1969)

Avec Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Andre S. Labarthe

Mon avis : 4 sur 5

L’histoire

Claire et Sébastien vivent ensemble. Sébastien est metteur en scène de théâtre et Claire comédienne. Elle va jouer Hermione dans une mise en scène d’Andromaque, de Racine que Sébastien et sa troupe répètent, sous l’œil d’un réalisateur de télévision qui filme leur travail. Lors d’une répétition où elle peine à dire son texte, elle quitte brusquement le théâtre. Sébastien la remplace, au pied levé, par Marta, son ancienne femme. Tandis qu’au théâtre les répétitions avancent, Claire, seule dans son appartement, perd pied peu à peu.

Revoir un classique

La ressortie de ce classique du cinéma français dans une version restaurée est à marquer d’une pierre blanche. En effet, un incendie avait eu raison du négatif original et une autre copie était alors considérée comme la matrice, mais la bande son avait subi de vrais dommages et ne permettait pas de retrouver l’intensité de l’original.

On peut donc profiter de ce film restauré avec minutie, et dont la longueur peut faire peur à certains, dans une nouvelle version qui redonne tout son lustre à ce psychodrame sorti juste après les événements de 1968 et qui questionne le couple traversant une crise profonde tout en évoquant Racine, la création et les commentaires sur la création.

Dès le départ, Rivette avait écrit le film pour le duo de comédiens qui joue parfaitement sa partition en étant capable de miser aussi sur l’improvisation. Dans une interview à Positif, en avril 1969, il déclarait : « S’ils n’avaient pas été d’accord sur le principe même du film, je ne crois pas que je l’aurais fait avec d’autres personnes. J’avais envie de faire un film avec eux depuis que je les avais vus dans les spectacles de Marc’O : parce que ce sont des acteurs qui ont un jeu bien plus physique que la plupart. Ils n’ont rien à voir avec les acteurs habituels du cinéma français, qui sont déformés par une certaine tradition, par le Conservatoire et l’analyse rationnelle des personnages. »