Un temps oublié des écrans de contrôle, Alice Guy retrouve une notoriété méritée. La nouvelle publication de ses mémoires, La Fée-Cinéma (*) est un témoignage passionnant sur les débuts du cinéma et le rôle conquis pas de rares femmes dans cette industrie naissante dominée par des hommes.
Ses mémoires, La Fée-cinéma (*), qu’elle acheva en 1953 ne furent publiées qu’en 1976, huit ans après sa mort, à à Wayne dans l’État du New Jersey aux États-Unis. La nouvelle édition publiée cette année, avec des nouvelles préfaces, les anciennes explicitant les enjeux de la première publication, permet de mesure à quel point Alice Guy connut un destin cinématographique extraordinaire et comment elle mit un terme à sa carrière en 1922 après avoir été une pionnière du 7ème Art, qu’elle aimait d’une vraie passion.
Au départ simple secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de la photographie, Alice Guy va proposer de tourner des courts métrages de fiction pour soutenir la vente des caméras et projecteurs. Mais, avec La Soupe aux choux, tourné en 1896, elle devient la première réalisatrice de l’histoire du cinéma et son film est parfois considéré comme la première fiction de l’histoire du cinéma, alors qu’on attribue généralement cette primeur à Louis Lumière pour L’Arroseur arrosé, tourné un an plus tôt. Débat de spécialistes pour deux opus qui ont marqué le départ de l’industrie cinématographique. On sent chez cette femme de caractère plus de passions que d’ambitions. D’emblée, elle abat ses cartes en toute modestie : « Je n’ai pas la prétention de faire œuvre littéraire, mais simplement d’amuser, d’intéresser le lecteur par des anecdotes, des souvenirs personnels, sur leur grand ami le cinéma, que j’ai aidé à mettre au monde. «
Au fil des pages, Alice Guy ne s’agace même pas que le grand critique de cinéma, Georges Sadoul, dans la première édition de son Histoire générale du Cinéma, en 1946 – un ouvrage qui fait toujours référence – attribue à d’autres certains de ses nombreux films. Il est vrai, l’auteur rectifiera ses erreurs, mais dans la troisième édition… en 1973. Elle écrit juste : « J’ai eu l’occasion de voir M. Sadoul et de lui montrer les documents qui l’ont persuadé que les films en question étaient mon œuvre. Il m’a promis de rectifier cette partie dans ses prochaines éditions, ce qu’il a honnêtement fait, bien que son énumération contienne encore des erreurs. »


