Ensuite, avec en toile de fond l’atmosphère entourant le Grand Prix de Formule 1 de Montréal, un lieu de grand brassage d’une population aussi hétéroclite que fortunée, elle nous fait découvrir, à travers le ressenti de Noémie le « quotidien » d’une de ces jeunes femmes, confrontées à des clients qui marquent d’autant plus les esprits qu’ils sont des pèlerins ordinaires, parfois un brin alcoolisés.
Avec un cadrage astucieux pour montrer sans « tout » montrer durant les scènes de passe, Geneviève Albert parvient à nous faire partager, sans le moindre voyeurisme, la violence subie par Noémie dans cet hôtel de luxe où les clients défilent. Le plus sinistre serait en fait ce père qui vient « offrir » une fille à son fils pour fêter ses 18 ans. De ces séquences trop vraies pour être inventées par une cinéaste qui s’inscrit dans la lignée des frères Dardenne avec cette approche si documentaire de la fiction.
On ne peut qu’être ébahi par la présence de Kelly Depeault (c’est son premier rôle) qui passe, en un tour de main, de l’univers d’ado rebelle à celui d’une escort qui subit le pire pour réaliser un rêve. Une jeune fille pour laquelle l’exutoire est soit le rire, soit de hurler un refrain punk dans le vent et qui conserve une dignité certaine même dans les pires moments.
Un film puissant et psychologiquement subtil.
